viernes, 31 de diciembre de 2021

Théorème du volley-ball et théorème de la marchande de pêches

Il me semble que dans la vie professionnelle, un secret du bonheur est de bien choisir les sujets dont on s'occupe et ceux dont on ne s'occupe pas. Les premiers, je m'y consacrerai avec un sens entier de la mission. Et les sujets dont je ne m'occupe pas, je ne les laisse pas me préoccuper. Je fais confiance aux responsables pour qu'ils les traitent et je les laisse tranquilles, avec le fond de conviction qu'à leur place je prendrais probablement les mêmes décisions qu'eux et qu'en général je ne ferais pas mieux.

En classe de quatrième, lors du premier cours de sport du cycle, le professeur énonça le théorème du volley-ball : "il est permis de se jeter sur la balle en criant : J'ai !" Corollaire : il n'est pas permis de sauter dans la direction opposée en criant : "Débrouillez-vous !"
C'est devenu pour moi un principe de vie. J'ai une allergie contre les interférences, notamment contre les spectateurs qui donnent leur avis sur tout sans rien faire eux-mêmes. Ou les personnes qui se rebellent au dernier moment contre l'organisation (d'un projet par exemple, mais cela vaut aussi pour l'organisation d'un week-end ou d'une fête) alors qu'ils n'ont rien proposé quand c'était possible.
Ou, dans le domaine professionnel, les personnes qui parcourent les couloirs d'un air grave et vous expriment leur "préoccupation" sur tel ou tel sujet qui est du ressort de quelqu'un d'autre. Je suppose que dans ce cas ils souffrent simplement d'une surcharge d'angoisse et qu'ils ne peuvent la soigner qu'en la transférant à quelqu'un d'autre. Cette déperdition d'énergie ne sert qu'à augmenter la nervosité ambiante.


J'ai aussi une aversion pour les personnes qui soudain viennent impérieusement mettre leur grain de sel dans mon projet puis, une fois cette faveur dispensée, disparaissent de la scène. C'est une attitude d'autant plus irritante que leur contribution est en général non pertinente, ou contribue à envenimer les postures et défaire l'élan que vous essayiez de construire.
Il s'agit là d'une atteinte à un autre théorème, le théorème de la marchande de pêches : "Quand vous avez touché quelque chose, c'est à vous".
En d'autres termes, si vous voulez prendre une responsabilité, prenez-la, mais vous n'avez pas le droit de l'abandonner en route.

Comme dans la pièce de Musset, "Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée". Les interstices alimentent des comportements inefficaces et perturbants.

jueves, 22 de abril de 2021

Cuisine : la technique de la souris verte

Qui a dit que l'eau et l'huile ne sont pas miscibles?

Si vous allez à Shanghai, goûtez de ma part les shengjian 生煎. Ce sont des petits beignets farcis de viande et de soupe. On les trouve aux étals de rue ou dans ces infimes restaurants qui sont un des grands charmes de la nourriture chinoise. Attention la première fois, comme ils sont bouillants et remplis de soupe, et aussi un peu gluants, les manger proprement avec les baguettes est... un jeu d'adresse...
Ce qui est unique dans les shengjian (littéralement: cru et sauté) est qu'ils sont à la fois moelleux et croustillants, grâce à leur mode de cuisson. Ils cuisent par fournées, serrés les uns contre les autres dans un grand plat. Le plat contient à la fois de l'huile et de l'eau.

"Trempez la dans l'huile, trempez la dans l'eau"

Grâce à l'eau, les shengjian cuisent à la vapeur. Quand toute l'eau est évaporée, l'huile chaude les fait frire et c'est ce qui rend la base croustillante.
La technique de mélanger l'eau et l'huile, qui donne ce merveilleux résultat, s'applique à d'autres aliments. La cuisson peut se faire à la poêle, couverte puis découverte. En fonction de ce que l'on cuit, il faut imaginer la juste quantité d'eau pour que la cuisson à la vapeur soit suffisante, et le juste temps de cuisson pour faire revenir juste ce qu'il faut ensuite.
Cette méthode donne de très bons résultats pour:
- les ravioli italiens, qui sont ainsi bien gonflés et un peu croustillants selon goût,
- les haricots verts, en laissant revenir juste un peu, éventuellement avec un peu de sauce de soja à la fin,
- les asperges,
- du céleri taillé en frites, etc.